Je souhaite partager avec vous ce qui se  passe au fil du temps dans mon atelier… Malgré son exiguïté, je suis reconnaissante d’avoir un lieu pour exercer ce métier. Il se trouve chez moi, sous ma maison, et j’y suis en 2 secondes !

Mes matières attendent patiemment, certaines pièces sont au séchage, d’autres en attente d’être émaillées. Travailler l’argile est un métier où patience, observation et organisation règnent en maîtres.

De l’idée à la concrétisation, plusieurs mois peuvent s’écouler.

L’objet  doit d’abord être pensé, dans son utilité ou sa futilité, dans sa fabrication. Il faut alors le dessiner, choisir sa technique de façonnage. Au tour ou en modelage, les pièces prennent forme.

Le séchage vient ensuite qui peut durer jusqu’à 15 jours. Plus il est lent, plus le risque de casse est faible.
La production doit être suffisante pour remplir le four, ce qui peut représenter plusieurs semaines de travail.

Vient alors l’enfournement et la première cuisson à 950°C.
Puis l’émaillage si délicat. Il sera inévitablement source de surprises en fonction de l’épaisseur de l’émail, de la place que l’objet aura dans le four…
La seconde cuisson aux alentours de 1250 °C est lancée et ce sont alors 48 heures qui s’égrainent dans l’impatience.

L’ouverture du four est LE moment préféré de tous les potiers…  Le résultat de cette idée née quelques semaines voire quelques mois auparavant va enfin prendre corps!

Et là, c’est le temps de la récolte, du kif à l’état pur… Le temps est suspendu…
Prendre les pièces une à une, sortir les observer dans le jardin à la lumière du jour ! Entendre l’émail chanter sous l’effet du refroidissement. C’est le moment du bilan, de l’état de grâce ou de la déception, des émotions mêlées

Et puis très vite, mon cerveau se remet en ébullition : prise des notes pour parfaire certaines pièces, inventaire de ce qui va pouvoir être vendu, me remettre au travail pour extirper de mon esprit ce qui a germé entre temps et lui donner corps dans la matière.

Et puis aussi parfois, garder une pièce qui, oui vraiment, va rester avec moi car je ne peux m’en défaire. Je la qualifie alors de prototype et je la sors de ma grotte pour l’exposer aux yeux de ma famille.

Mon homme musicien, va invariablement prendre la pièce dans ses mains et la faire tinter pour en entendre le son. Son ouïe satisfaite, il va alors l’observer. Je sais qu’il sera toujours sincère.
Les enfants sautent de joie en général, toujours bon public !

Et le cycle recommence…